Comprendre le CPF

En janvier 2019 entrera en vigueur la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel du 5 septembre 2018. Une nouvelle réforme de la formation professionnelle qui a pour objectif de former davantage de Français. En effet, la mise en place du Compte personnel de formation (CPF) en lieu et place du Droit individuel à la formation (DIF) en 2015 avait rendu les actifs responsables de leur formation, ce qui en avait perdu certains.

« Ce changement n’a pas été sans difficultés pour les salariés qui ne suivent pas de près leurs droits à la formation. En effet, beaucoup ne sont pas passés du DIF au CPF et une tendance se dégage : les personnes déjà « formées » se forment encore plus et celles « non formées » ne se forment pas sans sollicitation de l’employeur », constate Yveline Pouillot, secrétaire générale au sein du cabinet GMBA. D’après le Baromètre Cegos de 2017, moins de la moitié des salariés a identifié au moins une formation éligible par le CPF et seulement 34 % en ont suivi une.

Simplification du dispositif

Avec cette nouvelle réforme, le gouvernement espère multiplier le nombre de formations. Pour cela, le dispositif a été simplifié. Tout d’abord, le CPF ne sera plus crédité en heures de formation mais en euros : au lieu des 24 heures de formation annuelles dont ils bénéficiaient auparavant, les salariés pourront consacrer à leur formation un crédit de 500 € par an dans la limite de 5 000 € sur 10 ans (800 € par an dans la limite de 8 000 € sur 10 ans pour les personnes non qualifiées). Ce crédit sera alloué à tous les salariés, y compris ceux à temps partiel. Il pourra être utilisé de manière libre, hors temps de travail.

Autre mesure de simplification : le développement d’une application permettant, dès fin 2019, de connaître le nombre d’euros cumulés, de trouver les formations éligibles, de contacter les organismes de formation, de s’inscrire et de payer, etc…

Toutes les formations ne seront en effet pas éligibles au CPF et la loi prévoit une certification des formations. Cette certification sera réalisée par un nouvel organisme, France Compétences, qui s’assurera aussi que les prix des formations ne dérivent pas. A noter également la disparition progressive des OPCA : ce seront les Urssaf qui collecteront les sommes destinées à la formation et des « Opérateurs de compétences » accompagneront les entreprises et les branches dans les questions de formation. Quoi qu’il en soit, seules les entreprises de moins de 50 salariés bénéficieront désormais d’aides pour financer les formations de leurs salariés.

Des questionnements demeurent

Pour Yveline Pouillot, le passage du CPF en euros n’est pas une bonne nouvelle pour les salariés : « Il est prévu d’accorder 15 euros par heure de formation. Or, il y a très peu de formation à 15 euros de l’heure », note-t-elle. Les salariés mettront donc certainement davantage de temps à constituer un crédit suffisant.

Mathieu Flaig, directeur général de SYSK, organisme qui aide les entreprises dans leur transformation numérique, espère quant à lui que cette perte de crédits sera compensée par une réelle simplification de l’accès à la formation : « Il serait positif de pouvoir utiliser cet argent facilement, pour une session de e-learning par exemple », imagine-t-il.

D’autres incertitudes demeurent : « La loi prévoit une certification des formations mais on ne sait pas encore comment cela va se passer : est-ce que les formations davantage « sur-mesure » ne seront plus prises en charge dans le cadre du CPF », se questionne Yveline Pouillot. Une étude Comundi de 2017 révèle en effet que 68% des responsables formations souhaitent privilégier les formations sur-mesure.

Mais le CPF n’a pas vocation à être utilisé par les entreprises mais bien par les salariés eux-mêmes : c’est peut-être ce que souhaite rappeler cette réforme. Mathieu Flaig pense cependant qu’une simple réforme du CPF ne suffira pas, qu’un peu de pédagogie et de communication devraient être au programme pour inciter à l’utilisation de ce CPF.

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